samedi 15 février 2014

Littérature #12 - L'insoutenable légèreté de l'être (Milan Kundera)





 

Plongée dans les fonds marins humains



Bonjour les curieux! On va parler littérature aujourd'hui sur le blog avec un auteur "de référence" que je viens de découvrir via un de ses livres les plus connus, j'ai nommé Milan Kundera et L'insoutenable légèreté de l'être. Je le connaissais seulement de nom si bien que tant sa biographie que le contenu du livre ont constitué une totale découverte pour moi.

L'auteur



Bien que je le connusse de nom, je n'avais jamais lu cet auteur et ne m'étais même jamais renseignée à son sujet comme je viens de le dire (amis de la répétition, bonjour). Après avoir terminé le livre et avant de commencer à rédiger cet article, j'ai immédiatement plongé sur le net pour en savoir plus. Et, oh, surprise, le premier document sur lequel je suis tombée est un article qui reprend les propos de Kundera  quant à son refus de voir ses livres publiés sous forme d'e-book. Si ça vous intéresse, cliquez ici. D'emblée, ce type m'est donc sympathique rien que par ce refus qui traduit sa conviction qu'il faut à tout prix tout faire pour éviter la disparition du livre papier (quant à la réaction de Pierre Assouline à ce sujet - voir le même article - j'ai quand même envie de lui dire à ce Pierre Assouline que c'est lui qui réagit comme un imbécile et qui se fait l'archétype même de ces personnes qui, peu à peu, détruisent la magie de la vie! Oui je suis amoureuse des livres papier, je le clame haut et fort et j'espère que l'e-book ne les supplantera jamais, na!)

Bon, je me calme et je reviens à Milan Kundera. D'emblée, rien qu'à sa lecture, on devine un homme qui a une vie intérieure complexe, riche et les articles que j'ai lus à son sujet me conforte dans cette idée. Il donne aussi l'image d'un homme de fortes convictions, assez tranché en fait.

Né le 1er avril 1929 en Tchéquie (Moravie à l'époque), il a émigré en France en 1975. Ses premiers livres ont été rédigés en tchèque, mais il écrit en français désormais. Son oeuvre est très fort marquée par le contexte dans lequel il a vécu: communisme, invasion soviétique, Printemps de Prague... On y retrouve également les thèmes suivants: l'impossibilité de comprendre et de contrôler la réalité, les frontières entre l'illusion et l'authenticité, le dysfonctionnement de la parole, les relations entre les êtres et les ressentis intimes.


Détail significatif pour moi qui apporte tant d'importance aux traducteurs et à leur rôle majeur dans la littérature: quand Kundera a commencé à maîtriser suffisamment le français, il a lu les traductions de ses ouvrages suite à plusieurs remarques sur son "changement" d'écriture. Il s'est alors rendu compte que le traducteur de ses livres avait pris beaucoup de libertés! Voici quelques exemples (sur un centaine!) trouvés sur Wikipédia.

Kundera: le ciel était bleu 
--> traducteur: sous un ciel de pervenche octobre hissait son pavois fastueux 

Kundera: les arbres étaient colorés 
--> traducteur : aux arbres foisonnait une polyphonie de tons 

Kundera: elle commença à battre l'air furieusement autour d'elle 
--> traducteur : ses poings se déchaînèrent en moulin à vent frénétique 

Imaginez le drame pour l'écrivain!


 

Le titre

 

Un oxymore! Soit le rapprochement de deux termes au sens éloigné. De quoi attirer les curieux! Et puis, la légèreté de l'être, pour tout qui a déjà pu l'éprouver a quelque chose de grisant, non? Bref, on a envie de savoir ce qui se cache derrière ce titre... Et on fonce lire le quatrième de couverture. (wouah la transition ici ^^)


Le quatrième de couverture

 

"Qu'est-il resté des agonisants du Cambodge? Une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant jaune. Qu'est-il resté de Tomas? Une inscription: Il voulait le Royaume de Dieu sur la terre. Qu'est-il resté de Beethoven? Un homme morose à l'invraisemblable crinière qui prononce d'une voix sombre: Es muss sein! Qu'est-il resté de Franz? Une inscription: Après un long égarement, le retour. Et ainsi de suite, et ainsi de suite. Avant d'être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c'est la station de correspondance entre l'être et l'oubli."

 

 

La couverture

 

Sur l'édition que je possède, il s'agit d'une oeuvre de Picasso: Portrait de jeune fille. Bien sûr, je me suis renseignée sur ce tableau et le site du Centre Pompidou m'apprend qu'il a été peint en 1914 et qu'il représente Eva Gouel, la compagne de Picasso à l'époque et dont il était très épris. Le problème, c'est que, sous ce titre, j'ai trouvé une autre oeuvre, du coup je suis toute perdue. Je ne connais absolument pas le travail de Picasso. Si un curieux veut éclairer nos lanternes, qu'il laisse un commentaire ci-dessous *bouteille à la mer*



L'histoire

 

Nous suivons la vie, les réflexions personnelles, les sentiments intimes de quatre personnages, principalement à Prague dans les années 1960-1970:

- Tomas, médecin aux prises avec le régime communiste, amoureux de Tereza à qui il est incapable de rester fidèle physiquement plus d'une semaine d'affilée.

- Tereza, amoureuse de Tomas, elle ne partage pas son besoin de libertinage et ses nuits s'en trouvent hantées par la jalousie qu'elle tente de refouler la journée.

- Sabina, artiste-peintre, maîtresse au long cours de Tomas qui jamais ne se pose, prise dans une sorte de fuite en avant, cherchant une forme de griserie dans l'extrême et insoutenable légèreté de l'être.

- Franz, marié, que dis-je, enchaîné à une psychologiquement immonde Marie-Claude, amant et amoureux de Sabina devant l'Eternel.


Le livre est difficile à résumer tant on voyage entre différents pôles:
- les quatre héros,
- l'amour, la philosophie et la politique,
- l'âme et le corps,
- les sentiments intimes et les faits.

Mais on ne se perd pas pour autant, l'auteur a ce talent là, c'est indéniable. Il intervient également en son nom en cours de récit, le plus naturellement du monde il nous donne des précisions sur ses personnages. J'ai beaucoup aimé le procédé car ses interventions se fondent parfaitement dans le récit, sans couper brusquement l'intrigue.

Tereza représente la pesanteur, Sabina la légèreté extrême. Ni l'une ni l'autre n'est réellement heureuse ou apaisée d'après moi. Du moins, c'est ma lecture. Ni l'une ni l'autre ne parvient à atteindre l'équilibre. Tomas et Franz ne sont pas plus apaisés non plus car ils subissent aussi tous les deux ce qu'ils sont sans en jouir réellement, mais là aussi il s'agit de ma propre lecture. L'insoutenable légèreté de l'être est une oeuvre initiatique, philosophique, qui nous renvoie chacun à nous-mêmes, à nos propres sentiments, il doit y en avoir autant de lectures que de lecteurs...

Je pense que ce livre, soit on s'y accroche et il nous fait planer, soit il nous tombe des mains. Vous aurez compris que, personnellement, il m'a fait planer. Les sentiments des personnages m'ont bouleversé, je pense qu'ils m'ont tous parlé car, à eux quatre, ils rassemblent sans doute la complexité qui peut traverser un seul être. J'ai préféré la liberté de Sabina à l'enfermement de Tereza, mais avec ce regret pour elle qu'elle ne puisse trouver la légèreté sans le côté insoutenable et qu'elle ne puisse se poser sur le long terme auprès d'un ou plusieurs hommes. Une autre force de l'histoire réside sans doute dans le fait que je n'ai pas pris parti, je n'ai pas jugé, pas donné tort ou raison, mais accepté chaque personnage comme il était, dans toute sa singularité. Il n'y a pas des personnages qui ont raison ou tort, il y a des personnages avec leurs singularités et qui font de leur mieux pour faire avec.

S'il fallait résumer le message du livre, c'est peut-être que la vie est un paradoxe. Mais également qu'elle est question de choix... Ce livre m'a en tous les cas plongée dans une abîme de réflexions et d'introspection et je pense que je le relirai rien que pour cet aspect-là.

Pour les plus curieux d'entre vous, sachez que vous trouverez mes citations préférées sur mon profil Babelio, ici.

Et attention si vous passez par ici et que vous n'êtes ni abonné au blog ni à la page Facebook du blog, vous risquez de rater un concours très prochainement... ;)



J'espère que vous avez pris plaisir à me lire. Que votre weekend soit doux et à la semaine prochaine!

Ness Butterfly
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4 commentaires :

  1. OOOOH tu as réussi à le lire! Bravo ^^. Je fais partie de la catégorie "le livre me tombe des mains". J'ai essayé de m'y mettre plusieurs fois mais je ne suis jamais arrivée à le lire... En tout cas, tu en parles à merveille :D

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    1. Je comprends tout à fait qu'il puisse tomber des mains. Je te propose quand même de tenter de le relire d'ici 10 ans ;)

      Et merci pour ton compliment qui est pour moi un véritable encouragement à persévérer dans la chronique littéraire <3

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  2. Le livre semble complexe et pousser à la réflexion. Je ne m'y risquerai pas dans l'immédiat (d'autres livres dont tu as précédemment fait la critique m'attirant plus), mais je confirme: tu en parles très bien!

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    1. Merci! C'est chouette tous ces compliments, je suis heureuse que tu passes un bon moment en me lisant! =)

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